VOUS VOULEZ TOUT SAVOIR SUR LES NÉO-AGRICULTEURS ?
Ici, on vous raconte tout sur nous. Depuis la maternelle, jusqu'à la retraite. Une saga en 6 tomes (de brebis) est d'ailleurs en préparation.
LE DÉBUT DU COMMENCEMENT
Le commencement, au début
Un peu de foot, un peu de bière et une ville sympa (Annecy)... Voilà les 3 ingrédients qui nous ont réuni lors de notre arrivée en Haute-Savoie, en 2014. L'un s'appelle Maxime et débarque d'une contrée où le vin coule à foison (Beaujolais - Rhône) ; l'autre s'appelle Baptiste et vient tout droit du pays des rillettes (Le Mans - Sarthe). Coup de chance, les rillettes s'accompagnent volontiers d'un petit ballon de rouge. La complémentarité est déjà évidente.
Nous arrivons tous les 2 sur Annecy pour du travail. Le lyonnais est technico-commercial pour Hargassner (une entreprise de chauffage au bois) tandis que le manceau travaille au magasin Leroy Merlin d'Epagny.
Un sujet en particulier nous permet de sympathiser : le foot. Supporter lyonnais depuis sa jeune enfance, Maxime vante les derniers trophées et évoque avec nostalgie les années 2000 où "Lyon aura survolé sur le championnat français et presque l'Europe". Baptiste, de son côté tente de raviver la mémoire d'un MUC 72 qui dort depuis les mêmes années 2000.
Les années passent, les matches sur console mènent à une évidence : autant vivre en coloc. Un troisième larron rejoint la fête (un autre Maxime, tant qu'à faire) et c'est la belle vie pendant plusieurs mois.
Puis Baptiste part vivre au Brésil pendant 2 ans et Maxime poursuit son aventure sur Annecy. Les sujets évoqués à distance commencent à évoluer avec des prises de conscience des 2 côtés. Nous délaissons petit à petit les actualités foot pour des actualités tournant autour de l'écologie ou de la (in)justice sociale. Baptiste rentre en France et atterrit à Lyon (toujours chez Leroy Merlin). Nous pouvons de nouveau nous voir plus souvent. Nous en venons même à organiser une visite d'initiatives un mois de septembre, nous menant jusqu'à la ferme collective de La Tournerie, en Haute-Vienne. Nous y rencontrons alors 11 ami.e.s qui ont repris une ferme plusieurs années auparavant afin de la faire évoluer en ferme aux multiples productions : légumes, fromages, pain, bière, céréales, ... Il est donc possible de se lancer dans une activité qui fait sens entre ami.e.s. Cette rencontre marquera un tournant dans notre vie.
C'est d'abord Maxime qui prendra la décision de se reconvertir, en avril 2020 (alors que le premier confinement débarquait en France). Puis Baptiste emboîtera le pas, inspiré par la démarche de Maxime.
Nous nous mettons alors à réfléchir chacun de notre côté à une formation en maraîchage biologique et tombons sur la même : Formation Bio de Sainte-Marthe (dans le centre de la France). Nous nous confrontons à ce qui sera notre avenir, rencontrons un paquet de futur.e.s ami.e.s et confirmons notre idée de changement de vie.
A partir de là, il nous paraît évident de s'associer, parce que c'est toujours plus marrant à plusieurs...
VILLY-LE-PELLOUX, HABITAT LÉGER ET VOLONTÉ POLITIQUE
Un village de 1 000 habitant.e.s, un conseil municipal engagé et une concrétisation sur le terrain.
Après notre formation, nous décidons de chercher un lieu où nous installer. Au début, c'est un périmètre assez large que nous visons : la région Rhône-Alpes. Puis petit à petit, avec les désirs et envies de chacun, nous nous concentrons entre Lyon et Annecy, avant de se mettre d'accord sur Annecy et ses alentours (30min en voiture). En parallèle, un projet de collectif en habitat léger commence à voir le jour. Une poignée d'ami.e.s qui se voit partager un lieu et vivre modestement, loin du béton. Et c'est comme ça que nous entendons parler d'un petit village à 15min au nord d'Annecy : Villy-Le-Pelloux. La commune lance un projet d'habitats légers sur une de ses parcelles. Improbable quand on sait que peu de communes (en France !) osent penser les habitats de demain en s'appuyant sur ces structures réversibles. Le contact est pris et la mairie nous accueille en tant que collectif. C'est tout de suite le coup de foudre, notamment parce qu'on annonce chercher, en parallèle, du terrain pour 2 d'entre nous concernant un projet un maraîchage. Ça tombe bien : la mairie souhaite trouver des maraîcher.e.s qui seraient d'accord pour louer un terrain et vivre en habitat léger. Bingo !
Les rencontres s’enchaînent pour co-construire le projet en maraîchage bio. En quelques mois seulement, le projet devient réalité.
C'est grâce aux convictions du conseil municipal que les habitant.e.s de la commune de Villy-Le-Pelloux pourront se fournir en légumes sains au plus près de chez eux ! La volonté politique d'aider à l'installation est aussi un déclic pour nous, paysans, puisque l'objectif est de vivre au plus près de la micro-ferme, dans un habitat respectueux de son environnement et qui consommera le moins possible. Une réalité écologique mais aussi économique.
POURQUOI L'AGRICULTURE ?
Un combat de la graine à l'assiette
Nous avons mis 2 ou 3 ans à nous lancer. Jusque là, nous étions tous deux salariés dans nos entreprises. Nous ne nous posions pas trop de questions et la vie suivait son cours. Les premiers déclics, ce sont des documentaires et films. Ensuite, des bouquins pour approfondir les sujets. Nous comprenons que l'agriculture, ce n'est pas seulement celle qui nous est servie chez Carrefour ou Auchan. Nous comprenons aussi qu'il y a des rapports de force défavorables vis-à-vis des personnes qui nous nourrissent. Et que les agricultrices et agriculteurs ne sont pas justement rémunéré.e.s ou même considéré.e.s. Nous en déduisons alors qu'il faudra creuser davantage pour décrypter les tenants et aboutissants. Nous décidons de partir à la rencontre de fermes, en France. Nous passons notamment 2 jours à La Ferme de la Tournerie, où un collectif de 11 jeunes a repris une ferme afin de diversifier les productions : lait, viande, fromage, bière, légumes, céréales, pain, ... Bref la folie. Il est possible de bosser entre potes, de relancer un commerce rural et d'être mieux rémunéré (smic, on s'emballe pas trop non plus). C'est une vraie révélation pour nous. Nous nous lançons. Nous quittons nos boulots et lançons notre reconversion. Alea Jacta Est (seul souvenir de nos cours de latin).
Nous commençons par nous former à Sainte-Marthe, puis rencontrons les réseaux qui accompagnent l'agriculture paysanne en Haute-Savoie : l'ADDEAR 74, la Confédération Paysanne, le CAJ, l'AFOCG, ... ainsi que toutes les agricultrices et tous les agriculteurs engagé.e.s dans une démarche d'installation, de respect du vivant, encourageant la multiplication de fermes à taille humaine. Ça nous confirme notre volonté de se lancer dans l'agriculture : nous nous retrouvons dans les valeurs de proximité, humilité et solidarité. Notre lutte de demain, ce sera de produire des semences, plants et légumes anciens, sains, résistants à leur écosystème et respectueux de la biodiversité. Nous allons déjà commencer par les légumes (bio et + si affinité) et petit à petit, nous remonterons jusqu'à la semence (afin de les produire nous-mêmes).
Si aujourd'hui nous nous sommes lancés, c'est parce que nous croyons en notre capacité à agir à un niveau local en s'adressant à un sujet global : l'alimentation. Rendre accessible des légumes sains et savoureux, commercialiser en circuits courts (proximité) tout en étant justement rémunérés. Ce sont nos convictions.